Le 30 novembre dernier, le Ministère de l’Éducation nationale et Microsoft ont signé un accord de partenariat qui prévoit notamment :
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la mise à disposition pour les personnels de l’Éducation nationale et les élèves d’un certain nombre de logiciels et services développés par Microsoft,
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un accompagnement des personnels de l’Éducation nationale (enseignants et cadres) pour l’utilisation de ces outils et services,
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une expérimentation pour l’apprentissage du code à l’école qui passerait par la formation des enseignants à la méthode pédagogique proposée par Microsoft et l’accès des classes aux outils développés par Microsoft ;
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un soutien financier pour tous les acteurs de l’éducation, notamment les éditeurs d’applications éducatives et de manuels scolaires, proposant des outils pédagogiques basés sur les outils Microsoft.
Dans ce partenariat qui se veut “gagnant-gagnant”, Microsoft apporte aujourd’hui à l’Education nationale des solutions technologiques et l’Education nationale apporte à Microsoft ses élèves, futurs clients de matériel (téléphone, tablette ou ordinateur) ou de services. Cependant, un tel partenariat souffre d’un certain nombre d’écueils que la Société informatique de France souhaite pointer du doigt.
Tout d’abord, même si l’exclusivité du partenariat n’est pas envisagé dans le texte, il faut appeler à la vigilance si aucun autre accord de partenariat ne devait être monté à l’avenir. A cet égard, notons que cet accord est en contradiction avec la volonté précédemment affichée par l’Etat de favoriser les logiciels libres dans l’administration. L’Education nationale doit veiller à former des futurs citoyens conscients des enjeux liés à l’informatique et capables de s’approprier les outils afin de garantir la pluralité des points de vue et des approches.
Mais surtout, l’Education nationale n’est pas un client comme les autres : l’accord donne à Microsoft un pouvoir sur la formation des enseignants « au code » et donc implicitement sur la pédagogie et le contenu de l’enseignement de l’informatique dans l’école publique. Quel que soit le partenaire privé, l’Education nationale ne peut pas externaliser ainsi son cœur de métier.